vendredi 29 juin 2012

Le Pont Mirabeau


Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il ou'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours passent les semaines 
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Guillaume Apollinaire (Alcools NRF Gallimard)

samedi 12 mai 2012

Obit on Parnassus


Death before forty's no bar. Lo!
These had accomplished their feats:
Chatterton, Burns, and Kit Marlowe,
Byron and Chelley and Keats.

Death, the eventual sensor,
Lays for the forties, and so
Tookoff Jane Austen and Spenser,
Stevenson, Hood, and poor Poe.


You'll leave a better-lined wallet
By reaching the end of your rope
After fifty, like Shakespeare and Smollett,
Thackeray, Dickens, and Pope.


Try for the sixties--but say, boy,
that's when the tombstones were built on
Butler and Sheridan, the play boy
Arnold and Coleridge and Milton.


Three score ant ten--the tides rippling
Over the bar; slip the hawser.
Godspeed to Clemens and Kipling,
Swinburne and Browning and Chaucer.


Some stave the debt off but paid it
At eighty--that's after law.
Wordsworth and Tennyson made it,
And Meredith, Hardy, and Shaw.


But, Death, while you make up your quota,
Please note this confession of candor--
That I wouldn't give an iota
To linger ninety, like Landor.


Francis Scott Fitzgerald  (Thousand-and-First Ship)

lundi 30 avril 2012

SPLEEN


Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

-Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire (1821-1867)
Anthologie de la poésie française (Larousse)



dimanche 22 avril 2012

A Divine Image



Cruelty has a Human Heart.
And Jealousy Human Face;
Terror the Human Form Divine,
And Secrecy the Human Dress.

The Human Dress is forged Iron
The Human Form a fiery Forge,
The Human Face a Furnace seal'd,
The Human Heart its hungry Gorge.

William Blake (Les chants de l'Expérience Arfuyen) 

samedi 21 avril 2012

Minuit Clair

Le soleil et la Méditerranée
Voici ton heure mon âme ton envol libre dans le silence des mots,
Livres fermés, arts désertés, jour aboli, leçon apprise,
Ta force en plénitude émerge, tu te tais, tu admires, tu médites tes thèmes favoris,
La nuit, le sommeil, la mort, les étoiles.

Walt Whitman (Feuilles d'herbe)
Traduction Jacques Darras ( Les cahiers rouges) Grasset

mardi 17 avril 2012

ENDYMION


In ihm ist Jagd noch. Durch seine Geäder
bricht wie durch Gebüsche das Tier.
Täler bilden sich, waldige Bäder
spiegeln die Hindin, und hinter ihr

hurtigt das Blut des geschlossenen Schläfers,
von des traumig wirren Gewäfers
jähem Wiederzergehn gequält.
Aber die Göttin, die, nievermählt,

Jünglingin über den Nächten der Zeiten
hingeht, die sich selber ergänzte
in den Himmeln und keinen betraf,

neigte sich leise zu seinen Seiten,
und von ihren Schultern erglänzte
plötzlich seine Schale aus Schlaf.

Rainer Maria Rilke


Poème à la nuit.  Collection<Der Doppelgänger>  VERDIER


dimanche 15 avril 2012

Romance

Collégiale Saint-Mexme vue du Château (37500 Chinon)
Romance
Nobody's serious when they're seventeen.
On a nice night, the hell beer and lemonade
And the café and the noisy atmosphere!
You walk beneath the linden trees on the promenade.

The lindens smell lovely on a night in June!
The air is so sweet that your eyelids close.
The breeze is full of sounds-they come from the tonw-
And the scent of beer, and the vine, and the rose...

Arthur Rimbaud
Translated by Paul Schmidt. (Harper Perennial Modern Classics)